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Catégorie : Mariage & Couples

Ce livre, comme son nom l'indique, se compose de deux volets étroitement liés. Le premier est consacré aux règles qui favorisent la bonne entente au sein du couple musulman tout en accomplissant ce qu'Allah et Son Messager ﷺ agréent. Le second est dédié au fruit de cette belle entente.

En effet, le premier chapitre porte sur les fondements de la vie conjugale, allant des critères relatifs au choix du conjoint jusqu'aux droits et devoirs de chacun pour une union pleine de bonheur. Le second chapitre englobe, quant à lui, les traditions liées à la naissance de l'enfant, les valeurs à lui inculquer, ainsi que les rudiments qu'il faut connaître et les règles élémentaires à suivre pour une éducation réussie.

Nous avons ainsi rassemblé, dans un seul livre, les conseils des plus grands savants et érudits, anciens et contemporains, parmi lesquels : Ibn Taymiyya, Ibn Al-Qayyim Al-Jawziyya, Ach-Chawkânî, Ibn Kathîr, An-Nawawî, Abû Hâmid Al-Ghazalî, Muhammad Ibn  ‘Abdu-l -Wahhâb, Al-Albânî, Sayyid Sâbiq, Abû Bakr Jâbir Al-jazâ’irî,  ‘Abdu-r-Rahmân Âl-Chaykh, Ibn Jamîl Zînû...

Nous espérons que ce livre guidera chacun d'entre vous vers une vie conjugale et familiale épanouie, régie par la soumission à Allah (qu'Il soit exalté).

Le choix du conjoint

Il est évident que le bon choix du conjoint favorise à la fois la stabilité du foyer et la bonne éducation des enfants. Dans cette optique, nous allons citer ici les principaux conseils prophétiques relatifs à ce point.

Le critère essentiel

Abû Hurayra rapporte que le Prophète ﷺ a dit : «Les critères sur lesquels on se base (généralement) pour choisir une épouse sont au nombre de quatre : sa fortune, sa noblesse, sa beauté et sa piété. Empare-toi de la pieuse, malheur à toi !»

تُنْكَحُ الْمَرْأَةُ لِأَرْبَعٍ: لِمَالِهَا، وَلِحَسَبِهَا، وَلجَمَالِهَا، وَلِدِينِهَا، فَاظْفَرْ بِذَاتِ الدِّينِ، تَرِبَتْ يَدَاكَ.

L’expression arabe traduite par «malheur à toi» ne signifie pas toujours, comme l’expression française d’ailleurs, l’invocation contre quelqu’un. C’est une formule qu’on utilise généralement pour blâmer quelqu’un pour son mauvais choix. Dans ce hadith, le Prophète ﷺ blâme celui qui oserait préférer au critère de piété un autre critère .
Cependant, il ne faudrait pas comprendre de cela que l’islam blâme celui qui considère dans son mariage les critères de beauté, noblesse ou fortune. Le hadith ne fait que blâmer ceux qui relèguent le critère essentiel de piété à un second ordre.

Remarque

Certains auteurs citent en ce point deux hadiths quelque peu semblables à celui que nous avons cité mais qui sont, faudrait-il le souligner, foncièrement apocryphes . Le premier énonce : «Ne vous mariez pas aux femmes pour leur beauté, car leur beauté pourrait les pousser à la dépravation. Ne vous mariez pas à elles non plus pour leurs fortunes, car leurs fortunes pourraient les pousser à l’insolence. Cependant, mariez vous à elles pour leur piété. Même une esclave au nez percé qui est pieuse est préférable à celles-ci.»  Le second énonce : «Celui qui épouse une femme pour son pouvoir, Allah ne fera que l’avilir. Celui qui épouse une femme pour sa fortune, Allah ne fera que l’appauvrir. Celui qui épouse une femme pour son aristocratie, Allah ne fera que l'abaisser. Mais celui qui épouse une femme pour se prémunir contre la tentation charnelle et raffermir ses liens de parenté, alors Allah bénira pour lui son épouse et le bénira pour elle.»

Abû Hurayra et Abû Hâtim attribuent au Prophète ﷺ ces propos : «Si un prétendant au mariage dont vous reconnaissez la piété et la bonne conduite s’avance à vous, alors consentez à sa demande. Si vous ne le faites pas, alors la tentation et la perversion se propageront sur la terre.»

إِذَا خَطَبَ إِلَيْكُمْ مَنْ تَرْضَوْنَ دِينَهُ وَخُلُقَهُ، فَزَوِّجُوهُ، إِلَّا تَفْعَلُوا، تَكُنْ فِتْنَةٌ فِي الأَرْضِ وَفَسَادٌ عَرِيضٌ.


Ce hadith incite les jeunes filles musulmanes ainsi que leurs parents à agréer la demande en mariage des hommes pieux et vertueux et il met en garde contre un état de déchéance où la religion et la vertu seraient reléguées au second plan. Dans ce sens, les conseils des érudits abondent. On rapporte que 'Aicha disait : «Le mariage est une forme de captivité ! Alors, que l’un de vous considère bien à qui il donne sa bien-aimée.» Al-Hasan Ibn 'Alî disait : «Accordez vos filles aux hommes pieux. S’ils les aiment, ils les dorloteront, et s’ils ne les aiment pas, ils ne les opprimeront pas.» Ach-Cha'bî disait : «Celui qui consent à donner sa fille à un dépravé aura contribué à sa perte.»

Anecdotes

On rapporte qu’un riche cultivateur demanda à Al-Mubârak, un de ses employés réputé pour sa sagesse et sa piété, de le conseiller sur le choix des prétendants de sa fille.

Al-Mubârak lui dit : «Généralement, les chrétiens insistent dans leurs mariages sur la beauté ; les juifs, sur la fortune ; les Arabes, sur la noblesse, et les musulmans, sur la piété.

Considère-toi donc de quel groupe tu es le plus proche et conforme-toi à leur critère de sélection !» Ebahi par le jugement du sage, le riche cultivateur lui dit : «Je désirerais qu’elle soit tienne !» De ce mariage béni, dit-on, naquit un des plus illustres savants de l’islam : 'Abdu-l-Lâh Ibn Al-Mubârak.

Une histoire similaire est relatée à l’égard de l’union des parents d’Abû Hanîfa . On raconte que le père de ce dernier avait accusé une très forte dette envers un riche paysan.

Pour s’en acquitter, il avait proposé au paysan de travailler ses terres jusqu’à épuration de la dette. Après un certain temps, le riche paysan put remarquer les qualités intrinsèques du jeune homme, notamment sa piété, sa bravoure et sa sincérité. Voulant le tester encore plus, il lui dit : «Si tu veux que je t’éponge ta dette, je te propose de te marier à ma fille. Cependant, tu dois savoir qu’elle est aveugle, sourde et muette !» Se voyant accablé par la forte dette et connaissant, surtout, la gravité de ne pas rembourser sa dette, le jeune homme fut contraint d’accepter ce marché pour se tirer d’affaire. Mais à la nuit des noces, à sa grande surprise, il vit s’offrir à lui une charmante beauté dont l’esprit était encore plus séduisant que le visage. En demandant des précisions à son père, celui-ci lui dit : «J’ai simplement voulu tester ta foi. En la qualifiant d’aveugle, de sourde et de muette, je faisais allusion au fait qu’elle ne voit pas, ne dit pas et n’écoute pas de choses interdites.»

S’unir aux gens honorables

'ÂÝicha rapporte que le Prophète ﷺ a dit : «Choisissez ce qu’il y a de meilleur pour votre progéniture. Unissez-vous à ceux qui sont de votre rang et donnez-leur vos filles.»

تَخَيَّرُوا لِنُطَفِكُمْ، وَانْكِحُوا الأَكْفَاءَ، وَأَنْكِحُوا إِلَيْهِمْ.

En ce point, certains auteurs musulmans citent un hadith absolu-ment apocryphe qui dit : «Ne vous enchantez pas de la fleur qui pousse sur du fumier !» On demanda alors au Prophète ﷺ : «Qu’insinues-tu par là ?» Il dit : «Une femme séduisante issue d’un mauvais milieu.»  Certes, le conseil est bon, cependant, il n’est pas attribuable au Prophète ﷺ.

Choisir un conjoint agréable

Al-Mughîra Ibn Chu'ba raconte que lorsqu’il avait demandé une jeune fille en mariage, le Prophète ﷺ lui avait dit : «Regarde-la ! Cela favorise davantage votre attachement.»

انْظُرْ إِلَيْهَا فَإِنَّهُ أَحْرَى أَنْ يُؤْدَمَ بَيْنَكُمَا.

Dans sa version du hadith, l’imam Ahmad ajoute : Al-Mughîra Ibn Chu'ba dit : Je suis alors parti voir la jeune fille, elle se tenait au côté de son père, vêtue de son voile. Je leur ai dit : «Le Prophète ﷺ m’a recommandé de la voir.» Ils se sont alors tus ! Puis, la jeune fille a ôté son voile et m’a dit : «Si c’est vraiment le Prophète ﷺ qui te l’a recommandé, alors regarde…»

Tirmidhî, entre autres, commente que pour certains érudits, tels Ahmad et Ishâq, ce hadith expose clairement qu’il est permis au prétendant de regarder celle qu’il souhaite épouser sans son voile.

Muhammad Ibn Salama raconte avoir désiré épouser une femme. «Je me cachai, dit-il, pour la regarder dans sa palmeraie. Me voyant agir ainsi, certains me blâmèrent en me disant : «N’as-tu pas honte d’agir de la sorte, toi qui est censé être un compagnon du Prophète ﷺ ?» Je leur ai alors répondu : «J’ai entendu le Prophète ﷺ dire : "Si Allah anime en l’un de vous le désir d’épouser une femme, il n’est guère blâmable s’il la regarde."»

إِذَا أَلْقَى اللَّهُ فِي قَلْبِ امْرِئٍ خِطْبَةَ امْرَأَةٍ فَلَا بَأْسَ أَنْ يَنْظُرَ إِلَيْهَا.

Dans un hadith analogue, le narrateur, Abû Humayd, ajoute : «… même à son insu.»

إِذَا خَطَبَ أَحَدُكُمْ امْرَأَةً فَلَا جُنَاحَ عَلَيْهِ أَنْ يَنْظُرَ إِلَيْهَا إِذَا كَانَ إِنَّمَا يَنْظُرُ إِلَيْهَا لِخِطْبَتِهِ وَإِنْ كَانَتْ لَا تَعْلَمُ.

Aussi faudrait-il souligner que ce droit n’est pas propre aux hommes. La femme aussi a le droit de réclamer à voir le prétendant. 'Umar disait : «Ne mariez pas vos filles à un homme laid. Elles sont tout autant attirées par ce par quoi les hommes sont attirés.»

Épouser les femmes tendres et fécondes

Ma'qal Ibn Yasâr raconte qu’un jeune homme s’était présenté au Prophète ﷺ et lui demanda conseil. Il dit : «J’ai trouvé une jeune fille noble et belle, cependant elle est stérile ! Me conseilles-tu de l’épouser ?» Le Prophète ﷺ lui dit : «Non.» Puis, après une vive insistance de la part du jeune homme, le Prophète ﷺ dit : «Epousez les femmes tendres et fécondes. Au Jour Dernier, je me flatterai de votre grand nombre devant les autres nations.»

تَزَوَّجُوا الْوَدُودَ الْوَلُودَ فَإِنِّي مُكَاثِرٌ بِكُمْ الأُمَم يَومَ القِيامَةِ.

وَفِي رِوَايَة: فَإِنِي مُفَاخِرٌ بِكُم.

Ce hadith incite les jeunes hommes à rechercher les jeunes filles tendres et fécondes, car ces deux critères favorisent l’équilibre du foyer.

Comment savoir si la femme est tendre et féconde ?

Les exégètes préconisent pour le savoir d’observer cela dans ses proches parentes.

 

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